Un point de méthode : est-il question de visites pour des enfants ou avec les enfants ?
Dans une visite pour des enfants qui ne sont pas nécessairement habitués à fréquenter une église (sauf pour certains qui l’associent à des événements joyeux – mariage – ou tristes – funérailles –), il est bon de leur demander ce qu’ils voient globalement et ponctuellement et ce qu’est ce lieu pour eux. Ensuite, on ne répond qu’à leurs questions, réactions ou impressions (expérience d’Angers).
Lorsqu’un groupe d’élèves de l’enseignement public est accompagné d’enseignants, ceux-ci font de plus en plus preuve d’une suspicion « laïciste » au nom de laquelle il faudrait faire visiter une église sans parler du fait religieux ou des réalités spirituelles ! Attitude probablement inspirée par la crainte de recevoir des critiques de leurs supérieurs. Il faut faire preuve de finesse et pratiquer un discours distancié : « Les chrétiens disent que … » ou même « Vous pouvez peut-être trouver étrange que les chrétiens disent que …. » Ceci dit, il est nécessaire de coopérer avec les enseignants, et pour commencer savoir de quoi ils ont parlé avec leurs élèves avant de venir pour adapter le discours.
En s’adressant à de jeunes enfants venant avec leurs parents, pour s’accorder à leurs connaissances et à leur sensibilité, nos explications doivent être très simples. Leur demander ce qu’ils aiment le mieux, ce qui les émeut, en étant très attentifs à leurs réactions qui peuvent être fortes ou touchantes, surtout quand on leur présente une œuvre d’art ou un objet témoin d’un événement religieux grave ou dramatique (exemple de la présentation du Saint-Suaire à Turin où il faut parler plus de vie que de mort).
Dans un petit groupe d’enfants, on peut s’adresser à chacun par son prénom, créer un climat de confiance et de connivence, rester ludique, laisser venir les questions, quitte à en être rapidement submergé parce que tous veulent parler ! (expérience de Boscodon).
Dans un groupe de visiteurs où des familles viennent avec des enfants de tous âges, l’exposé que les adultes attendent doit être ponctué jusqu’à la fin de petites devinettes ou de participations à une animation (construire une voûte à Boscodon ; quatre jeunes sont des piliers et leurs bras forment une croisée d’ogive et des arcs doubleaux à Bordeaux). Le but est de les faire participer activement à la visite, sinon ils décrochent vite.
Au-delà des visites guidées, plusieurs lieux proposent aux enfants un « jeu de piste » adapté à leur âge, Un petit cadeau leur est fait à l’issue du parcours qui a souvent été effectué avec l’aide de leurs parents, ravis d’avoir participé au jeu et cherché (parfois avec difficulté !) en dialoguant avec leurs enfants. Lors des journées du patrimoine en septembre, des propositions spéciales sont préparées (initiative de la cathédrale de Tours).
La culture religieuse commune est variable selon le pays d’Europe. En Italie, il y a une culture catholique enracinée, mais quelquefois les racines sont erronées. Avec le public allemand d’origine moitié protestante, moitié catholique, certains sujets comme la Vierge Marie, sont à traiter avec discernement, surtout quand les réalisations artistiques de la piété mariale sont très expressives (particulièrement en Espagne). Cependant, les jeunes allemands, qui suivent obligatoirement (presque tous) des cours de religion à l’école, ont une culture religieuse toute fraîche, parfois plus importante que celle de leurs parents.
Nous avons tendance à vouloir faire découvrir beaucoup de choses aux visiteurs,, tellement nos églises, abbatiales, basiliques ou cathédrales sont riches. Mais, particulièrement avec les jeunes, il ne faut pas chercher à tout dire. Si l’on s’aperçoit qu’une partie de l’édifice intéresse beaucoup le groupe, surtout quand les membres de ce groupe sont cultivés, la visite sera focalisée sur ce secteur et le reste sera évoqué succinctement (expérience avec un groupe de jeunes Biélorusses fascinés par les mosaïques de la basilique Saint Marc de Venise déployant les grands moments de Genèse 1 – 11).
En conclusion : s’adapter aux enfants, réagir à leurs questions, personnaliser nos réponses, gérer un groupe de jeunes, « jouer », éveiller plutôt qu’enseigner, essayer de savoir ce qu’ils gardent de leur visite.
Merci à Agnès Roger pour ce compte rendu sur un sujet bien utile à tous.